Dans cette douce oraison que Michel Zoladz chante pour nous, il nous donne à voir la part cachée de nos paysages. Avec son appareil photographique, artisan obstiné d’un noir et blanc qui révèle la lumière, il célèbre l’inutile avec magnificence.
La modernité, avec ses corollaires de rentabilité, de rapidité, d’efficacité, a voulu tout simplifier pour « construire » des paysages pratiques et fonctionnels. Les cabanes de vigne sont le contre-pied de cette course à l’abîme, témoignage vigilant d’un temps où l’homme vivait en harmonie avec la nature, dans l’humilité. Les cabanes ne font pas seulement « bien » dans le paysage, elles sont le révélateur obstiné du sens profond de notre rapport à la création. Alors que nous recueillons les fruits mortifères de la modernité à pleine gerbe, que cette méditation lucide et poétique de Michel nous aide à reprendre le chemin des vignes et à contempler, dans la douceur des coteaux du Menetou-Salon, ces sentinelles d’un autre possible.
Philippe Gilbert